Le nom de Gaye provient sans doute de "Gaiacus villa" (trouvé dans des archives du IXe siècle).
Est-ce le nom romanisé d'un colon germain ou bien le nom d'un vétéran de l'armée romaine installé sur ce point équidistant de deux voies romaines ?
Le Saint patron du village est Saint Denis et l'église est celle d'un ancien prieuré clunisien (Notre Dame de Gaye) très puissant pendant 700 ans (1079-1788). 700 ans d'histoire du village se confondent totalement avec celle de ce prieuré de Bénédictins dont une grande quantité d'archives est conservée à Cluny.
Dans une charte de 1079, le Chevalier Frédéric, vassal du Comte de Champagne, fait don de l'église de Gaye accompagnée de biens fonciers avec ses serfs, de droits seigneuriaux, d'impôts et de rentes, à l'Abbaye de Cluny. Huit moines bénédictins viennent aussitôt s'installer à "Sainte Marie de Gaïa en Campanie". Sur autorisation du Pape Boniface VIII en 1291, le prieuré de Gaye devient un doyenné et ce sont 25 moines qui accueillent Philippe le Bel dans une grande église gothique en 1312.
Mais la Grande Peste s'abat sur la population (1348) suivie par la Guerre de Cent Ans (1331-1453) et son "temps des malheurs" à partir de 1356 : les mercenaires puis le Duc de Buckingham et les Anglais pillent et incendient le prieuré. A cela s'ajoutent les exactions dues à la guerre entre Armagnacs et Bourguignons.
Malgré tout, une magnifique église est rebâtie dès 1480. Il en reste le portail actuel avec sa porte en bois et son tympan représentant le jugement dernier.
Puis vient la Guerre de Religion et en 1567 les troupes huguenotes du Prince de Condé détruisent le monastère et y massacrent 20 moines. L'armée royale de Charles IX puis celle d'Henri IV ravagent elles aussi tout le secteur. Une nouvelle église sera reconstruite avec les ruines de la précédente, sans son transept, ni son abside et le vaisseau de la nef principale sera abaissé.
A partir de 1731, le Doyen du monastère Monseigneur Belland, évêque de Messène, fait combler les fossés, détruire les murs et les tours de fortification, le pont-levis et les bâtiments monastiques pour aménager un superbe logis et un immense parc d'agrément attenant.
50 ans plus tard, dans les Cahiers de Doléances, les Gayons ne lui pardonnent toujours pas d'avoir fait planter des tilleuls sur le cimetière paroissial sans avoir fait relever les restes des défunts.
Le Grand Conseil de Louis XVI décide en 1788 de supprimer le monastère de Gaye.
Le 4 mars 1814, les troupes russes du Tsar Alexandre, à la poursuite de Napoléon, brûlent 102 maisons sur 130 qui composaient le village. Jean Joseph Heuillard, le maire de l'époque, a consigné l'événement dans le registre d'état civil de 1814 à la suite des 37 décès de cette année-là.
Le village est situé le long de la rivière des Auges et il confine à des marais importants.
La carte Cassini a été dressée à la demande du Roi Louis XV. (Cette carte provient du site de la Bibliothèque Nationale de France et est "libre de droits".)
Elle est la plus ancienne des cartes de l'ensemble de la France à l'échelle topographique. Ce travail considérable a été l'oeuvre d'une véritable dynastie de scientifiques: "Les Cassini". On ne compte pas moins de 180 cartes au 1/86400 ième qui ont été dessinées à la plume sur une période de 65 ans (de 1750 à 1815).La genèse de cette magistrale réalisation est due à Jacques Cassini (1677-1756) qui se spécialisa sur les aspects concernant la représentation du globe terrestre. Il est le fondateur de la cartographie topographique et fut anobli par le Roi au titre de "Seigneur de Thurry".C'est à son fils, César-François Cassini de Thurry (1714-1784) que l'on doit la réalisation proprement dite de la première carte de France. Il réalisa d'abord la carte des Flandres en 1747. Ce travail impressionna Louis XV qui lui confia le relevé de l'ensemble du royaume.
Jacques Dominique Cassini de Thurry (1748 - 1840) acheva la réalisation de la carte. Ce n'est guère qu'au XIXème siècle que la carte d'état major au 80 000 ième s'y substitua.
Le curé de Gaye, Joseph Louis Alliey (dauphinois né vers 1750 à Puy Saint Vincent, canton de Vallouise dans les Hautes Alpes et mort à Gaye le 16 mars 1828 à 78 ans), a beaucoup oeuvré à l'assèchement des marais dans l'intérêt des habitants. Le village a souffert de la grêle en 1810 et 1841, et de la gelée en 1843.
En 1845, on y trouve 78 laboureurs pour une terre crayeuse et sablonneuse qui convient à tous les grains et au sainfoin. 106 charrues sont recensées, 86 ha de prés, 8 ha de bois, 42 ha de prés artificiels stimulés avec du plâtre et du fumier. Ce sont des chevaux qui tirent les charrues et non des bœufs.
Les puits d'eau sont sains et creusés à la profondeur de 1 à 2 mètres.
On y fabrique de la bonneterie sur 56 métiers et 80 enfants ou jeunes gens, dirigés par 12 ou 15 femmes, tressent annuellement 3 000 à 4 000 chapeaux de paille et casquettes. La commune dispose d'une pompe à incendie.
Durant la première Guerre Mondiale, la contribution du village en vies humaines a été très importante. En 1939-1945, un commandement et des soldats allemands ont occupé le village et le jour de la libération du village, le 28 août 1944, des jeunes Gayons ont trouvé la mort en poursuivant les Allemands.
[L'histoire du Prieuré Notre Dame de Gaye est le fruit des recherches minutieuses de M et C Domenichini (cf le site de Mémoires de Gaye)]